jeudi 13 février 2014

Songe d'une nuit d'été

Illustration : Photos Christian Bailly



Loin du monde frénétique, 
Quelque part, 
Au milieu de nulle part, 
Dans une alcôve déjà tout s’apprête, 
Pour faire de l'Amour une somptueuse fête, 
A rendre le corps des amants furieux. 
Au loin, quelques violons encore frileux 
Entament une langoureuse mélodie. 
Là, sur la couche, par la chaleur, alangui, 
L'amant préféré repose dénudé, lascif,
Abandonné, disponible, permissif, 
Bouillonnant d'une ardeur retenue, 
Sa chair devenue fiévreuse d'avoir attendu. 
Plongé dans les songes d'une nuit d'été orientale, 
Inondée de parfums de jasmin et de santal, 
Dans son sommeil, son corps enivré s'agite. 
Du maître, il attend l'ardente visite. 








Cependant…  

Dans le secret des lourdes tentures, 
Se préparent d'amoureuses forfaitures. 
De violents sentiments bataillent, 
D'insoutenables désirs assaillent, 
Le souverain de ce corps à sacrifier, 
Déjà exposé sur l'autel des hyménées. 
Tenaillé sans ménagement 
Pour son désir saillant, 
Il se délecte en secret de l'image de cette offrande, 
Dont il sait sa chair voluptueuse très friande. 
Devant l'objet de sa concupiscente convoitise 
Il résiste, refoule sa persistante gourmandise.





En silence, à la dérobé, il s'avance et dépose, 
Sur son sein endormi, le sang d'une rose, 
Sans réveiller ce charnel trésor. 
Il s'apprête, en conquistador. 
Éclose à l'aube même de ce jour, 
La rose exhale son message d'amour, 
A l'amant empreint de mille désirs, 
Qui ne demandent qu'à s'épanouir 
En félicité douce et amer. 
De son âme, s'exhument les chimères 
De sa sensuelle appétence, 
En effervescence.




Sa chair affamée de caresses, 
Guide ses mains dont elle est bailleresse, 
Sur les chemins du mont de Venus, 
Là, où la lame incandescente du plaisir 
Sauvagement le tisonne, prête à jaillir. 
Inconscient des effets ravageurs 
Sur son éminent fourrageur, 
Il campe, dans un voluptueux décor, 
Avec indécence, son corps, 
Dont il dévoile, dans une totale impudeur, 
Son Eden secret et ses splendeurs. 
Une perle de rosée déjà fleurit, 
Embaume ce jardin qui déjà s'épanouit.









Armé de son glaive tyrannique, 
Prisonnier de cet univers volcanique, 
Son chevalier servant, envoûté, 
Par tant de beauté et de sensualité, 
Fabule mille et un contes érotiques, 
Laisse vagabonder son âme extatique. 
N'y tenant plus, il laisse parler son désir 
Qui s'épanche enfin dans le plaisir.





A l'instant même...

Une brise malicieuse effleure 
L'amant assoupi sans pudeur, 
Pour le sortir de son sommeil. 
Tous ses sens en éveil, 
L'incitent à la besogne 
Attisent sans vergogne, 
Son Vésuve jusqu'à l'éruption.
Sauvagement à son plaisir il s'abandonne, 
Dans un gémissement, il le claironne, 
Terrassé par la petite mort, 
Apaisé, sur le champ, il se rendort, 
Sans rien savoir de ses effets 
Sur son maître aux aguets. 





Le maître ravi par ce tableau, 
Sort de derrière le rideau, 
Pour déposer au côté 
De son amant une rose parfumée 
Et le parer 
De perles immaculées.

Songe ...


C. BAILLY


Tous droits réservés

27/01/2010

8 commentaires:

  1. Waouuuu !!!! Que de superbes mots pour parler de l'amour !!
    Suis très émue....sur le choc de ma lecture !!!
    Comme c'est beau !!!
    Merci du fond du coeur mon ami !!!!

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    1. Merci chère Morgane... J'ai pris beaucoup de "plaisir" à écrire ce conte poétique pour adulte... Comme dans un rêve... ou bien l'avais-je rêvé ? Je ma suis même dévoué pour l'illustrer de ma personne !!! hahaha
      Belle soirée
      Bisous

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  2. Superbe Christian tes mots nous emportent dans de mirifiques instants de douceur
    Amitiés

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    1. Très honoré par ton commentaire ami poète de l'amour !
      Merci d'être venu me lire et de partager très impressions
      Bonne soirée à toi
      Amitiés

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  3. Après tes mots et leurs émotions, je vais prendre une douche froide !

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    1. À ce point-là ? C'est l'émotion ou est-ce le fait d'avoir payé de ma personne pour l'illustrer qui t'a mis dans cet état-là ??? hahaha
      Merci mon Bisouillon ! J'espère que Claire n'est pas trop jalouse !!! hahaha
      Bisous à vous deux de nous deux.

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  4. Bonjour, Christian !

    Voici comme toujours un merveilleux poème, et les photos qui l'illustrent sont elles aussi sublime. Bravo à l'auteur de ces mots, au modèle qui a posé, et aussi au photographe !
    Bisous et à bientôt.

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    1. Merci mon ami Jean pour ce commentaire...
      Le poète, le modèle et le photographe ne font qu'un en réalité, j'ai tout fait de A à Z par moi-même... Dommage que tu ne puisses pas voir certaines photos certaines étaient "intéressantes"
      Bises amicales ! Bonne nuit

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