jeudi 30 janvier 2014

De nos sens…

Enlèvement de Proserpine par Pluton.
François Girardon. 1699. 
Que l'indécence de nos sens
Sublime nos âmes en partance,
Trahisse de nos corps, l'appétence,
Nous libère de notre sublime essence…

Luminescence de notre existence!
Pour nos esprits en démence
Je ne demande pas la clémence,
Ni moins pour notre concupiscence.

Ne cachons pas les apparences
De notre libidineuse conscience.
Cependant, le plaisir est à l'évidence
Le chemin de notre subsistance,

De sur cette terre, notre opulence.
N'y voyons pas là, la décadence
Mais de notre nature la pertinence
De sauver avec intelligence

Notre race et sa survivance.
Si entre l'Amour en abondance
Et le doux plaisir, il y a alliance
Abusons de ce sujet de complaisance.

Il n'y a pas à s'aimer, d'inconvenance.
Nous nous devons, avec allégeance
De nous incliner à l'obéissance
De nos sens, exiger plus de suffisance

Pour magnifier ainsi de notre vie, la flagrance.


C.BAILLY
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La valise



Un jour, je partirai pour un grand voyage

Pour un monde sans nuage

Alors j'emporterai mille choses

Qui dans ton jardin reposent.

Ton parfum de jasmin, pour me laisser apprivoiser

Le rose de tes lèvres, pour ma vie la colorer

L'éclat de tes yeux, pour mon chemin l'éclairer

La profondeur de ton regard, pour m'y égarer

Le satin de ta peau, pour me protéger

Le nid douillet de tes désirs

Pour m'y endormir

La transparence de tes larmes

Pour y abandonner mon âme….

Vague à la Pointe Espagnole



C.BAILLY
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09/2009

Dans tes bras

Hercule et Télèphe. Noël Jouvenet. 1685.
Jardin du Château de Versailles



 Dans tes bras, je veux oublier…

Oublier la misère qui s’acharne,

Oublier la guerre qui sent la carne.


Dans tes bras, je veux oublier

La haine qui incendie les hommes,

Leur mépris pour leurs mères,

La cupidité qui affame les ventres,

L’autoritarisme qui accable les âmes.


Dans tes bras, je veux oublier

La croyance qui aveugle les faibles,

L’indifférence qui les noie dans l’oubli

L’honneur qui, des autres, écrase le bonheur,

La vanité qui bafoue l’humanité.



Dans tes bras, je veux oublier

La sagesse qu’imposent les années

La fougue de la jeunesse qui m’a abandonné.



Dans tes bras, je veux oublier…

Oublier que je suis moi aussi un homme.





C.BAILLY

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Temporaire




Le temps qui passe
Sur nous laisse ses traces,
S'en prends à notre carapace
Et à notre vie fugace.
Cette pétasse
Perd la face,
Nous fait des crasses,
Et de guerre lasse
S'efface
Devant le temps qui passe.

Photo Christian Bailly - Musée d'Orsay -
La Porte de l'Enfer - Auguste Rodin




C.BAILLY
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mercredi 29 janvier 2014

Retrouvailles nocturnes


Musée du Louvre 


Sur ton âme endormie,
Je me penche en catimini…

Sur tes yeux, je dépose
Des baisers légers
Comme le vol du papillon en été.

Sur ta bouche, je dépose
Des baisers aussi chauds
Que les petits pains du matin.

Sur ton sein abandonné, je dépose
Des baisers parfumés des roses
Qui dans mon jardin éclosent

Sur ton cœur prisonnier, je dépose,
Un baiser aux couleurs de mon sang
Qui bout pour toi comme celui d'un pur-sang.

Sur ton sexe  palpitant, je dépose
Des baisers de braise,
Du volcan qui point ne s'apaise

Allongé, prés de toi, là,
La nuit me prend alors dans ses bras
M'emporte…
Et me dépose dans tes rêves.
Je t'aime ....à tout de suite…



C.BAILLY
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Ces mots que l'on ne dit pas…


Ces mots que l'on ne dit pas…
Mais que l'on pense tout bas…
Qui résonnent dans nos pensées,
Mais que l'on n'ose prononcer…
Qui font chavirer nos cœurs
Et nous mettent en chaleur…
Que l'on retient au bout des lèvres
Et qui nous donnent la fièvre…
Ces mots qui avivent notre ardeur
Et que l'on tait par pudeur.
Ces mots bien trop galvaudés
Usés d'être communément usités
Mais qui font le bonheur
Et de l'Amour ont la saveur…
Simples comme bonjour,
Ils nous valent bien des détours
Pour avouer tout simplement
La grandeur de nos sentiments.
Parait-il, le silence est d'or
Mais ces mots la sont un trésor
Et pour soi de les garder
Est d'une parfaite impiété…
Et pourtant…pourtant…
Oserais-je ?
Oserais-je les prononcer
Pour toi Mon Bel Amant, Mon Adoré
Ces mots qui vont te faire rêver
Mais font de moi un baladin
Effrayé de chanter son quatrain.

Ecoute, Ecoute
Mon bel Amant, Mon Adoré…

Je t'aime…Je t'aime…Je t'aime…

Chut !!!!



C.BAILLY
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mardi 28 janvier 2014

Mourir pour mourir…


Paetus et Arria. François Lespingola. 1688.
(Détails) Jardin du Château de Versailles

Si je dois être fusillé,
Que ce soit par tes yeux langoureux;
Si je dois mourir,
Que ce soit endormi dans tes bras.
Si je dois être submergé,
Que ce soit par ton plaisir assouvi.
Si je dois me noyer,
Que ce soit dans tes pensées.
Si je dois être pétrifié,
Que ce soit avant ma vieillesse.
Si je dois crever,
Que ce soi pour toi, par amour.
Si je dois me faner,
Que ce soit près de toi.
Si je dois expirer,
Que ce soit par le plaisir, avec toi, partagé.
Si je dois succomber,
Ce doit être à genoux devant toi.
Si je dois caner,
Que ce soit par ton parfum, shooté.
Si je dois disparaître,
Que ce soit enfoui dans ta mémoire.
Si je dois périr,
Que ce soit par trop de tes baisers.
Si je dois souffrir,
Que ce soit pour ton bonheur.
Si je dois crever,
Que ce soit de ne pas t'avoir assez aimé.

Mourir pour mourir…
Autant que se soit pour toi.



C.BAILLY
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Divagations


Statue de Marcellus, vers -20Musée du Louvre

Tu connais ma sensibilité,
Ma sensualité.
Tu connais mes fantasmes,
Mes désirs.
Tu connais mes ardeurs,
Alors imagine le chemin...

Imagine le chemin
Sur lequel je vagabonde,
Imagine les paradis que j'invente,
Pour toi,
Pour moi,
Pour nous deux.

Sur ces rivages où mon âme se perd,
Imagine mes divagations
Où je n'ai pas de raison,
Imagine ce paradis,
Où règne la tentation,
Où règne la jouissance,
Du fruit défendu et de la chair,
Où serait banni
L'Avarice des mots d'Amour,
Où trônerait
La Colère de nos sens,
L'Envie de nos corps,
La Gourmandise de nos fruits,
La Luxure de nos baisers,
L'Orgueil de nos sexes,
La Paresse de nos corps repus.

Imagine ce Paradis...
…..Où je veux bien, avec toi, mourir...



C.BAILLY
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A la P'tite Rose…de mon jardin



L'aube, délicatement, se pose,
Et toi, sagement, ma petite rose,
Pour moi, tu t'es éclose.
De te cueillir, cependant je n'ose.

Vers ta robe de satin,
Je tends ma main,
Sans faire le malin,
Pour unir ainsi nos destins.

Je n'ai d'yeux que pour ta beauté,
A l'instant, me voici ton vaillant chevalier,
A la vie à la mort pour te protéger,
De ton  âme je serai le bouclier.

Rose, ma p'tite rose, c'est toi que j'aime.
De ma destinée tu es déjà la reine.
Mon cœur sent déjà tes chaînes.
Pour toi je m'ouvrirais les veines.

Point de mauvaise destinée à tes pieds !
Et si toutefois elle ose s'y aventurer,
Je serais là pour la repousser.
Son audace par moi sera brisée !

A peine née…
…et déjà tant aimée !

Rose, ma p'tite rose,
Dans mon écrin
Rouge carmin
Mon amour pour toi n'aura pas de fin










A Anaïs.





C. BAILLY

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Et après…

L'Age mûr - Camille Claudel
Musée d'Orsay
Ils sont sortis de ma vie.
Le froid les a envahis,
Sans leur laisser de sursis.
Ils ont rejoint les esprits

Qui hantent mon cœur déshérité
De leur Amour avec eux envolé.
Par leur absence ainsi châtié,
De ne pas les avoir assez aimés,

Je survis avec le regret
De ne point pouvoir aller
Les retrouver,
Là où ils se sont cachés.

Pour mon plus grand malheur,
Je n'ai pas le bonheur
De croire en le créateur
Et d'en être l'admirateur.

La chair a une fin
De notre esprit elle est l'écrin
Et sans elle, le divin
Ne peut combler notre faim.

La nature est ainsi faite,
Quelle défait d'une traite,
Ce qu'elle fait et maltraite,
Avec une indifférence parfaite,

De tout ce dont elle est la créatrice.
Des hommes elle est spéculatrice,
Elle se montre autant protectrice,
Que monstrueuse dévastatrice.

Ainsi elle établit ses lois,
Sur tous les êtres, sans émoi.
Alors, pour l'homme, pourquoi
Y aurait-il une autre voie ?

Ainsi donc pour moi,
Je te le dis, je prévois
De la nature être courtois,
Et d'accepter sans désarroi,

La seule pérennité que je conçois…
Rejoindre les Autres sans effroi,
Me métamorphoser pour l'éternité en non-moi,
Et subsister dans ton cœur comme chez moi.


C. BAILLY


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lundi 27 janvier 2014

Délicieuses étreintes



Comment ne pas te dire, Cher Amant, combien j'ai goûté
Ce délicieux instant, tant et tant de fois espéré ?
Comment ne pas t'avouer ce bonheur suprême,
Pris à découvrir ton jardin d'Eden, et à y faire mon baptême ?
Sur ta couche intime, abandonné à tes caresses,
Je me suis enivré de tes senteurs musquées, avec hardiesse.
Point de fausse pudeur, ni trop de mots, seulement des soupirs,
Pour ponctuer ce moment de communion, et quérir le plaisir.
De cette coupe de fruits défendus, je me suis rassasié,
Savourant à pleines dents ce plaisir incommensurable d'y croquer.
Passer de l'un à l'autre, les oublier, les reprendre, les retrouver,
Après les avoir délaissés, tout entamer comme un gosse mal élevé.
Ne plus savoir où donner de la tête devant tant de mets divins,
Avec voracité m'acharner dessus de peur de connaître la faim.
Je me suis régalé, oui, Cher Amant, j'en fais ici le digne aveu,
Sans me sentir coupable ; ne pas y goûter eut été un désaveu.

Comment oublier le rivage de tes lèvres, et l'ardeur par elles cachée ?
Comment ignorer ton bois de senteur à la croisée de tes sentiers 
Que je n'ai de cesse de parcourir, de redécouvrir à l'infini ?
Comment résister à tant d'objets de convoitise sans embrouillamini ?
De ton corps offert, j'ai tout pris et pourtant, pourtant…
Il me semble, à mon grand désarroi, ne pas avoir eu assez de temps.
J'aurais voulu à loisir imprimer de mon sceau chaque parcelle
De ton corps, et marquer au fer blanc irrémédiablement les séquelles
De mon passage où j'espère avoir semé de délectables ravages.
Je rêve de ton corps, de ces secrets, de revisiter ses terres sauvages.
Il me reste le chant de tes plaintes inspirées par mes supplices.
Je lis encore tes grimaces de bonheur par moi provoquées avec malice.
Si de toutes ces turpitudes charnelles, de toutes ces tortures douceâtres,
Je suis par toi blâmable, je me soumets volontiers à ta question opiniâtre.
Je peux bien brûler en enfer, perdre mon âme, être privé d'oraison,
Je n'ai eu d'autres excuses à ce pillage, que de vouloir te voir perdre la raison.

De tout mon cœur, de toute mon âme, j'ai mis toute mon ardeur
A soudoyer tes sens, et répandre dans tes veines cette infernale chaleur
Destinée à te faire connaître les rives du nirvana, la béatitude du plaisir.
J'ai mis tout mon être en quête pour ne point à ma mission faillir.
Je me suis régalé à dévaster ta chair et me suis délecté de voir
Venir l'instant suprême de ta jouissance dont j'aurais voulu boire
Sans fin le lactescent sirop de corps d'homme gorgé de ta volupté.
Sur ton corps contenté, j'aurais aimé laper chaque goutte étalée,
Et ne point laisser perdre si précieuse et délectable marchandise.
N'y a t'il point de honte à autant de gourmandise ?
De ton dard repu, la dernière perle échappée me faisait déjà regretter
L'impatience de mon transport et l'enthousiasme de mes caresses exercées.
Depuis cette débauche des sens, je ne vis que dans la tenace appétence
De tes étreintes, de tes baisers, et de, par toi, l'éveil me mes sens ;
Mon cher Amant, j'espère subsister à la carence de nos étreintes…
Mon Amour, ne laisse point la flamme qui brule en moi s'éteindre
Laisse-moi espérer mon retour sur les rivages de tes désirs….
Mon Amour, reviens pour faire de moi l'esclave attaché à ton plaisir.

Le Galate mourant. Jardin du Château de Fontainebleau


C.BAILLY
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01/09/2009

A mon Ami blessé

Le Galate mourant. Jardin du Château de Versailles

A toi, mon Ami blessé,

En cet instant désespéré,
J'aurais voulu t'apporter
Mon soutien et te réconforter,
T'offrir mon épaule pour y poser
Les larmes de ton chagrin, et partager
Ainsi ta douleur et te consoler.

A toi, mon Ami blessé,
J'aurais voulu sans t'offusquer,
A tes pieds déposer
Les preuves de ma profonde amitié,
Pour ne plus te voir étouffé
Par cet amour contrarié,
T'aider sans compter à te relever.

A toi, mon Ami blessé,
Dans ton antre, prostré,
Comme un animal mutilé,
J'aurais voulu, sans compter, soigner
Tes blessures, ton cœur panser,
Et faire de toi un rescapé,
Comblé de raisons d'espérer.

A toi, mon Ami blessé,
A tue-tête, je t'aurais chanté
Les mérites de ta liberté retrouvée,
Mais aussi mille raisons d'espérer
Le retour de ton amour envolé.
Pour consoler ton âme éplorée,
J'aurais tant voulu être là, à tes cotés.

A toi, mon Ami blessé,
Je ne peux te cacher
Mon amertume, mes regrets,
Ma frustration de ne pouvoir plus d'aider.
Ta porte m'est restée fermée,
Je reste profondément spolié
De ne pouvoir de démontrer ma fraternité.

A toi, mon Ami blessé,
J'aurais tant aimé te sauver
Des eaux troubles de cette inimitié.
Je n'aurais point eu de pitié,
Bien loin de moi cette volonté,
Mais seulement témoigner de ma sincérité
De mon Amitié et de ma fidélité.

A toi, mon Ami blessé,
Je voulais, sans détour, te prouver,
Et cela sans arrière-pensée,
Mon sentiment, que j'espère, partagé.
Victime de ma sensibilité exacerbée,
Me voila certes frustré mais pas désespéré ;
Tu sais que je suis là et à toi attaché.

Pour toi, mon Ami blessé,
J'ai mille souhaits à formuler,
Pour te voir retrouver la sérénité,
Et à nouveau partager notre complicité,
A nulle autre pareille, sans complexité.
Mon Ami, viens me retrouver,
Sort de ta thébaïde où tu vis retranché…

Dehors, avec moi, la vie t'attend !

C.BAILLY


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Qu'il est long le chemin de la vie


Qu'il est long le chemin,
Le chemin du mystère à celui de la naissance,
Celui de la petite enfance à l'adolescence,
Celui de la faim et de la tourmente,
Celui de la misère et de la grande guerre ;

Qu'il est long le chemin,
Le chemin du bonheur,
Celui de la jeunesse et de la terre promise,
Celui des espoirs et des rires,
Celui où on ne pense plus au pire.

Qu'il est bon le chemin,
Le chemin de l'amour,
Celui des baisers et des alcôves,
Celui de la première naissance,
Celui de toutes les espérances.

Qu'il est long  le chemin,
Le chemin de l'autre guerre,
Celui des restrictions et des grandes peurs,
Celui de la dame en noir et du malheur,
Celui des peines et des pleurs.

Qu'il est bon le chemin,
Le chemin de la paix,
Celui des joies retrouvées,
Celui des flonflons et des bals musettes,
Celui du renouveau.

Qu'il est long le chemin,
Le chemin de la vie,
Celui du devoir et du don se soi,
Celui du sacrifice,
Celui de l'abnégation.

Qu'il est long le chemin,
Le chemin du labeur,
Celui qui mène au repos mérité,
Celui du temps passé,
Celui de la vie qui ralentit.
Tic tac… tic tac…

Qu'il est long le chemin,
Quand la vie n'est plus qu'un fardeau,
Quand il faut attendre…
Attendre pour rejoindre son ami,
Depuis déjà longtemps parti.

Qu'il est court l'instant,
L'instant de prendre congé,
De tout oublier,
De tout abandonner.

Qu'il est court le chemin
Le chemin de la vie…

Qu'il sera long le chemin,
Le chemin du souvenir.
Aussi long que le chemin de ma vie.





                                                                    A ma Grand-mère


C.BAILLY
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Le forgeron



Je me souviens de mon enfance,
Où je rentrais avec prudence,
Dans cette forge immense.
Je m'y sentais sans défense.

Dans un bruit infernal,
Le coup de gueule du maréchal
En train de chausser un cheval,
Au ventre, me faisait mal.

Pour moi, dans cet enfer
Où résonnait la voix du fer,
Je ne savais que faire,
Sinon…me taire

Fruits du métal en fusion,
Naissaient mille et une créations,
Les secrets de cette transformation,
Faisaient mon admiration.

J'admirais de ce lieu le maître,
Comme lui j'aurais voulu être
Celui qui peut connaître
La satisfaction de faire naître,

 De ses mains trapues,
De ses bras puissants et poilus,
Pics, fers et charrues,
Sur cette enclume lourde et charnue.

Au rythme du marteau pilon,
Sur elle, en duo, mais d'un seul ton,
Résonnait le vibrant flonflon
D'une sempiternelle chanson.

Après avoir tant vibré,
Le marteau, l'enclume,
Un jour se sont figés,
Pour l'éternité…
La porte s'est refermée
Sur cette forge du passé.
Mon cœur brisé a pleuré.

À mon Grand-Père

Mère


Au premier cri de notre frêle existence,
C'est une cascade de baisers qu'elle déverse
Sur notre front et dans notre cœur.
Elle  arrose, dès lors, d'une pluie de tendresse
L'insouciance de notre enfance.
Les rayons de son ardeur maternelle
Calment nos douleurs et apaisent nos peurs
Sèchent nos larmes, et cicatrisent nos peines.
Telle une ombre, elle nous suit pas à pas,
Pour chacun de nos faits, de nos gestes,
De ses torrents de recommandations,
Elle fracasse nos obstinations.
De ces orages, de ces tempêtes,
Elle maitrise nos juvéniles impulsions.
Tel un rayon de lune, blême de fatigue,
Elle veille sur nos rêves d'adolescents
Et nos hantises d'adulte naissant.
Ses vœux pour nous, dorés et abondants,
Comme les blés, sont auréolés d'autant
De coquelicots que de gouttes de sang…
De celles qui abreuvent pour nous son cœur,
Qui pleure et saigne à nos moindres souffrances.
Tel un long fleuve tranquille
Elle inonde notre vie de son amour.
Quand vient enfin pour elle l'instant
Du repos, des cheveux blancs,
De nos promesses, il est temps
De lui servir les fruits gorgés
De notre amour et de notre reconnaissance,
De la veiller, de préserver ses ultimes années,
Et sur elle de déverser une cascade de félicité.

A ma fille Alexandra
…et à toutes les Mamans



C.BAILLY
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Desideratum




Mon Amour,
Quand je serai raide et que je serai froid,
Que ce monde ne sera plus fait pour moi,
Point de caisse luxueuse !
Point de messe baveuse !

Si j'en ai encore,
Seulement des mots d'amis,
Ils berceront mon esprit,
Sans réchauffer mon corps !

Mon Amour,
Pas de couronne ni de fleur,
Sur moi posées,
Pas de pierre pour reposer…
Seulement ton cœur !

Emmène-moi en chantant !
Point de chaudes larmes
Versées pour mon âme.
Emmène-moi en dansant !

Mon Amour,
Que dans les flammes,
Mon corps une dernière fois
Se réchauffe pour toi,
Que mon esprit rebelle rende les armes !

Si de moi, quelques restes persistent, grâce !
Point d'urne ni de boite,
La nature n'est pas si étroite
Pour refuser d'un homme son ultime trace !

Mon Amour,
Ne compte pas me retrouver au paradis.
Et le purgatoire, c'était déjà sur terre…
Alors cherche-moi tout au mieux en enfer,
Mais plus sûr, dans le vent, affranchi de la vie

Oui dans le vent…
Enfin libre!



C.BAILLY
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samedi 25 janvier 2014

Extasia

Laocoon et ses fils. Tuby. 1696. (Détails)
Jardin du Château de Versailles
Je veux ne rien voir venir, pour toi mourir en plein bonheur,
Etre emporté pour l'empyrée, sans la moindre peur,
De mon devenir, je lui laisse la primeur.
Qu'elle fasse, l'indigne, son labeur !
Ainsi dans l'ardeur
De notre indicible amour, avec grandeur,
Pour l'éternité, j'irais boire
A la coupe du désespoir.

Pour toi je veux mourir en plein bonheur,
Dans la mort, je ne craindrai plus de te perdre,
Je t'emporterai dans mon cœur,
De la vie je tairai toutes mes rancœurs.
Trop reconnaissant d'avoir partagé toutes ces riches heures,
Dans la passion de nos sentiments, le désir et la jouissance.

Pour toi, je veux mourir encore débordant de bonheur,
D'appétits insuffisamment assouvis pour l'heure,
Mais certes, pas en sentiments pour toi débiteur.
A mourir pour toi de bonheur il n'y a point de grandeur!
Cependant, que par ces mots, le souvenir en demeure
Le sacrement de notre amour, de sa splendeur !
Nul ne pourra ainsi détrôner cet amour en fleur…

Mon Amour, laisse-moi partir dans la torpeur
De notre bonheur…
Ne cherche point à retenir mon heure,
Le sens de ma vie n'est que dans l'expression de ce malheur,
Etre ce que je suis sans pouvoir afficher cette réalité qui en moi demeure
M'est d'une bien plus grande douleur
Que de semer les larmes et la déconvenue dans les cœurs
De ceux que j'aime…

Pour toi je veux mourir …
A l'instant précis où tu feras mon bonheur.

C. BAILLY
Tous droits réservés

Vieillesse

Musée d'Orsay

Ô Vieillesse !
Chaque jour, je lis dans mes yeux,
Ton sourire malicieux…
Tu laboures mon front
De sillons toujours plus profonds…
Tu neiges sur mes tempes…
Et couvres mon corps de ta gelée blanche.
L’automne de ma vie fripe ma peau,
Certes, cela pourrait être moindres maux.
Mais mon sang, aussi, n’est plus aussi agile
Il s’écoule maintenant comme un fleuve tranquille.
Tu souffles le vent du temps passé,
Tu emportes la toison de mes tendres années !
Ma voix ne chante plus tel un rossignol,
Mes illusions s’envolent.
Mes perles blanches n’ont plus d’éclat,
Mon ardeur fait des faux pas.
Chaque jour, je te combats
À coup de, "tu ne m’auras pas !"
Mais tu m’emmènes, têtue,
Sur ton chemin dont je connais l’issue.
Si en échange de ce que j’ai perdu
De ma jeunesse,
Tu m’offres la sagesse,
Tu n’en es pas moins là, traîtresse,
À l’affût de mes faiblesses.
Je résisterai certes à tes assauts
Mais je sais…
Je sais que tu auras le dernier mot.

Edgar Degas


C.BAILLY
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13/05/2009

vendredi 24 janvier 2014

Ultime !



Délicieux instants !
Délicieux amants !

Vous perdez votre âme,
Et vos corps se damnent !

Comblés de caresses et de supplices,
Vous vacillez entre récompenses et sévices !

Jusqu'à l'instant ultime,
Du plaisir sublime !

Jardins du Château de Versailles - Aristée et Protée. Sébastien Slodtz.



Père !

Jardin du Château de Versailles
Silène avec le fils de Bacchus. Simon Mazière. 1684.

Tout au long de ma vie d'enfant
J'espérais te voir venir.
Le soir en m'endormant,

De ton baiser, j'attendais le plaisir.
Du temps où j'étais adolescent,
Je vivais seulement avec ces désirs.
Connaître enfin ce parent
Qui ne m'avait pas vu venir.
Aller avec toi dans le vent
Sauter, courir.
Connaître tout ton talent,
Et avec toi enfin grandir.
Rattraper avec toi le temps
Que je ne pouvais retenir.
À mes vingt ans,
De toi, j'étais toujours sans souvenir.
La même erreur que toi pourtant,
Je ne devais assouvir.
De mes amours, j'étais prudent,
Galeries du Louvre.
Hercule et Télèphe.
Il fallait se retenir.
Sans toi, adulte non-consentant,
J'étais au devenir.
À être sans toi, un grand,
Je devais parvenir.
D'être père, il était temps,
Pour moi, de la saveur, la découvrir.
À mes trente ans, j'avais mes enfants,
Certes, j'y trouvais du plaisir,
Mais mon cœur n'était toujours pas content,
Le manque de toi ne pouvait périr.
Quand j'arrivai à mes quarante ans,
J'espérais un jour de ce sujet rire.
À mes cinquante ans,
C'était encore pire !
Le sujet devenait obsédant.
De qui pouvais-je tenir ?
De cet homme grand et savant ?
Ou de celui avec ce grand sourire ?
Chaque homme, devant moi, passant,
Devenait pour moi le père à quérir.
Je vivais chaque jour en souffrant
De n'avoir eu dans ma vie ce plaisir,
Par un père toujours présent,
Soutenu, me sentir.
Aujourd'hui, je me dis souvent,
Qu'un jour, je mourrai sans ton souvenir,
Même pas en espérant,
Dans l'autre monde, te découvrir.
Car en me décomposant,
Avec toi et sans toi, je vais poussière devenir,
Et de toi à moi, pour le monde des vivants,
Il ne restera…Rien !
Sauf ce poème que je viens pour toi d'écrire.

Christian Bailly
Tous droits réservés
23/10/2018