Mon amour,
Sais-tu combien tu as tous mes exclusifs suffrages ?
Que tu es devenu l'unique objet de mes hommages ?
De mon amour pour toi, je connais le servage,
De te posséder, à mon bas-ventre, j'ai la rage,
De mes désirs pour toi, je connais l'esclavage,
Aussi, je te fais parvenir cet urgent message.
Je sais ce que je risque avec un semblable verbiage,
Purement et simplement de ton cœur le limogeage,
Ou bien pire, de me voir à perpétuité mis en cage.
Alors, excuse volontiers tous ces écarts de langage
Ce ne sont, d'un vieux poète, que de beaux ramages.
Voilà, Mon Amour, je suis au bord du surdosage.
Il te faut penser tout de même à mon sauvetage,
Afin que je soulage cet instinct de bête sauvage.
Je te le dis tout court, sans plus d'ambages,
Finis marivaudages, libertinage, jardinage,
Aujourd'hui, j'ai envie de faire un carnage,
De ton corps appétissant, passer à l'abordage,
Mettre fin à ton préchauffage, à ton rodage.
Mon Amour, laisse-moi prendre le pilotage.
Pour bien se faire, j'envisage ton effeuillage
Et de voir de plus près ton plus bel étalage.
Donner à ton corps sage un peu de tirage.
Laisses-toi aller à mes tendres bichonnages,
À mes savants et pernicieux tripatouillages,
Mes audaces et explorations, mes repérages.
Laisse-moi te faire de savoureux massages,
Et par de doux polissages, préparer le passage
En délicatesse, de l'objet de mon outrage.
Après avoir peaufiné avec prudence l'ouvrage,
Je passerais alors, au pillage de ton pucelage,
Sans dommage, vu mon modeste calibrage,
Puis aux doux ravages de mon pilonnage,
Pour enfin t'inonder de mon intime breuvage.
Alors, contenté, je tournerais volontiers cette page.
Je redeviendrais très sage, sage comme une image.
Je t'offrirais mon indéfectible amour en partage.
Tu pourras alors à ta guise me réduire en esclavage
… Par le mariage!
Christian Bailly
Tous droits réservés
24/06/2011