mardi 25 septembre 2018

Il pleuvait.

Illustration  Fred Daring
http://www.freddaringart.com/paintings-4-galleries/








Il pleuvait alors sur mon âme,
Comme il pleuvait sur mon cœur
Inondé par beaucoup trop de rancœurs
Notre destinée est parfois bien infâme.




















J'étais enfermé dans mon cauchemar,
De moi-même, je n'étais que l'ombre.
J'attendais que s'ouvre ma tombe.
Pour les autres, je me faisais fuyard.




















Je renonçais à survivre à mon destin,
J'attendais l'avènement du verdict.
De mes proches et amis, la vindicte,
De l'épée de Damoclès, le scrutin.


















Il pleuvait alors sur mon âme,
Comme il pleuvait sur mon cœur.
Je respirais, oui, mais à contre-cœur.
Je savais pour eux mon crime infâme.





















Le purgatoire était bien de ce monde,
L'enfer pour moi était à deux pas.
Pas besoin d'attendre mon trépas,
Ma vérité avait saveur nauséabonde.



















Un jour, pourtant, la parole s'envola,
Pour se poser sur la place publique,
Avec des relents d'acide chlorhydrique.
J'eus cette espérance, qu'on m'immola.




















Qu'enfin finisse mon long supplice,
Pour connaître les torpeurs de l'oubli.
Ma réputation définitivement établie,
Je pouvais boire jusqu'à la lie, le calice.




















J'essuyai bientôt la tempête de ma vie,
Puis, je reçu des preuves de compassion.
J'eus les suffrages, pour cette confession,
De tous mes proches et de mes amis.















Il pleuvait du bonheur sur mon âme,
J'oubliais toute une vie de rancœurs,
Et tout de moi chantait en chœur
L'hymne à la joie, la fin d'un mélodrame.















Christian Bailly
Tous droits réservés
10/06/2014



samedi 1 septembre 2018

Ivresse


Illustrations : Steven C. Corry






Pris d'une appétence subite,
Tu te jettes sur ma bouche.
Aussitôt me voilà sur orbite,
Pour une nouvelle escarmouche.

Ma chemise vole en morceaux,
Rejoint presto sur le parquet,
Mon jean et tous mes oripeaux.
Tu te prépares au banquet.














Ta bouche comme un fourreau,
Ne perd pas un seul instant.
Elle s'empare de mon flambeau,
Ce morceau dont tu es friand.

Tu t'appropries tout mon corps,
Je propose mes chemins interdits,
Tu en demandes plus encore.
Dans ma chair, tu t'enhardis.











 


Profondément, tu me laboures,
Ma volupté m'offre en pâture,
À cette douleur que je savoure.
Je me délecte de ta dictature.














Par amour, j'oublie qui je suis,
Je deviens simplement ta chose,
L'objet de ton désir inassouvi.
J'approuve tout ce que tu oses.








Bientôt, nos désirs s'emballent,
Ton tison brûle mes entrailles.
Intimement, le mâle s'installe,
J'attends le feu de sa mitraille.












Au diable la sagesse…
Pourvu que l'on ait l'ivresse !




Christian Bailly
Tous droits réservés
23/06/2014