mercredi 14 juin 2017

Vagabondage

Illustrations : Manolo Yanes








Comme un vagabond égaré,
Je chemine au gré des mots,
Balloté par les vents et marées,
De mes pensées, de ses cahots.
 





















Je me laisse porter par la brise,
Vers d'autres lointains horizons,
Où j'oublie les aléas de la crise.
Je prends alors mon baluchon,

















Pour un très intime voyage,
Au cœur des mots, de la poésie.
Les rimes sont les seuls rivages
Que j'ai choisi à mes fantaisies.





















Sur ma page, un premier vers,
Vorace, je mords à l'hameçon.
Me voilà ferré, je vais grand-erre,
Jusqu'au bout de mes divagations.










 









Souvent à l'amour, je me consacre,
Parfois, j'ai mes coups de gueule,
Dans mes vers point de simulacre.
De ma vie, je ne suis pas bégueule.
















À chaque jour, les mêmes offices,
À ma plume, je donne rendez-vous,
Entre nous, point d'artifices.
Fidèle, jamais elle ne me désavoue.


















Moi, pauvre erre, sur cette terre,
Je confie les secrets de ma destinée.
Que celui qui n'a jamais pêché
De sa vie me jette la première pierre !




















Quand enfin, je serais trop fatigué,
Trop âgé pour écrire ma vieillesse,
Je tairai ma plume de vieil indigné
Et d'amoureux dépourvu de sagesse.












Je laisserai alors pour seul héritage,
Ces traces de mon passage furtif
Sur ces pages, en ces bavardages
Un tant soit peu contemplatifs.


Christian Bailly 
Tous droits réservés
14/03/2013

lundi 12 juin 2017

Opprobre

  

Philippe Chéry - La Mort d'Alcibiade






Toi la faucheuse qui n'oublie personne,
Pas même le poète qui chante l'amour,
Écoute notre peine comme elle raisonne,
Toi qui nous dépouilles d'un troubadour.

Toi la faucheuse, tu n'as point su épargner
Celui qui parlait aux fleurs et aux étoiles,
Vois comme nos pleurs cachés sous le voile
Abreuvent les roses au pied de son mausolée.










Toi la  faucheuse, acharnée, tu moissonnes
Sans discernement l'ivraie et le bon blé.
Entends nos chants d'amour à lui dédiés !
Entends nos voix comme elles le couronnent !

Vincent Van Gogh - le Champ de blé aux corbeaux


Un, tu fauches, cent, du ventre de la terre
Se lèvent, prennent sur-le-champ sa relève
Pour immortaliser son âme pure qui s'élève.
À lui la gloire, bien au-delà du cimetière !

L'inspiration du poète - Nicolas Poussin


Il ne saura se taire, même de là où on l'enterre,
Sa parole est dite en vers sur feuilles blanches.
L'éternité de ses poèmes sera sa revanche,
Gravés dans nos cœurs comme dans la pierre.

Nicolas Poussin, Echo et Narcisse


Toi la faucheuse, de nous tous, tu mérites l'opprobre.
Tu nous enlèves un ami, un poète, un ami poète
Un grand cœur, une âme des plus honnêtes.
Pour toi nos ressentiments ne sauraient être sobres !

Merry-Joseph Blondel, La Mort d'Hyacinthe


Christian Bailly
Tous droits réservés
10/03/2013