mardi 16 octobre 2018

Poussière d'homme



Guido Reni - Hercules


Ô Mon Amour !
Sur mon corps,
Le fleuve du temps
Laisse les rides du vent
Se déposer cruellement.
Je le sens faiblir mollement
Mais sûrement,
Cet antique corps,
Qui demande encore
Et encore un sursis
De jeunesse, d'ivresse,
Avant de la vieillesse,
La déliquescence
L'évanescence…








William Etty




Ô Mon Amour !
Combien de temps
À cette enveloppe charnelle
Où mon âme vagabonde
Trop souvent furibonde ?
Sans lui, elle n'est rien, le néant sans fond !
Sans elle, il n'est qu'une poupée de chiffon !






Roberto Ferri








Ô Mon Amour !
Oui, j'ai peur de me voir vieillir,
De voir mon esprit se tarir.
J'ai peur des jours sombres,
De quitter la lumière pour  l'ombre.












Roberto Ferri


Mourir n'est qu'un passage
Prétendent les sages !
Mais de la vie au caveau,
Avant de tirer le rideau,
Vieillir, c'est bien pire !
C'est décrépir,
Rabougrir,
Pour finir …
En poussière !




Roberto Ferri









Ô Mon Amour !
Combien de temps me reste-t-il ?
Sur le chemin de la douleur ?
La vie n'est qu'un chemin de croix,
Et le tombeau vient à son heure.









Combien de temps me reste-t-il
À aimer, à souffrir,
À  souffrir d'aimer,
À aimer souffrir ?
À parcourir les chemins du plaisir
Avant que ma bougie n'agonise
Avant que l'on me carbonise ?


Roberto Ferri





Roberto Ferri




Ô Mon Amour !
Combien de temps me reste-t-il
À vous écouter,
À vous regarder,
À vous sentir,
À vous toucher,
À vous goûter ?














Combien de temps me reste t'il
À vous aimer, Ô Mon Amour
Avant…
Avant que je devienne poussière d'homme…

Roberto Ferri


Christian Bailly 
Tous droits réservés
10/09/2014




vendredi 5 octobre 2018

Ô Toi…


Illustration  Fred Daring
http://www.freddaringart.com/paintings-4-galleries/



Ô Toi, Aube cruelle, tu me sors de mes songes,
Pour ouvrir la porte aux regrets qui me rongent.
Sur moi, l'obsession de ce que je suis en vérité,
Dépose le voile noir et pesant de mon autodafé.


Ô Toi, Jour interminable, tu prolonges mon supplice,
Sous tes projecteurs, les preuves de mon préjudice.
Aux images de beaux mâles aux derrières rebondis,
Mon esprit s'affole, me soudoie, malgré les interdits.



Ô Toi, Crépuscule, avec toi, arrive sournoise rébellion,
Elle annonce de mon entendement les tourbillons.
De ton clair-obscur, elle s'accommode, ma faiblesse,
Pour que je transgresse mes odieuses promesses.




Ô Toi, Nuit furtive, tu ensorcelles mes sens exacerbés,
Tu déposes, sur mon corps humilié, mes désirs mortifiés.
Dans tes profondeurs, ma noirceur hante mon âme,
Pour que sur-le-champ, à la dérobée, je me damne.




Ô Toi, Nuit profonde et muette comme une tombe,
À tes viriles ombres, avec remords, je succombe.
En ton sein charitable, j'apaise mes indignes envies,
Sous le pâle sunlight d'une lune à toi asservie.






Ô Toi, Nuit secrète, je te confie mes défaillances,
Quand je voudrais me démettre de mon allégeance.
Mes dépravations me mortifient avec obstination,
À ma naissance illégitime et maudite, ma dénégation.

 



Ô Toi, Nuit, emporte-moi, au loin, dans ton néant,
Loin de mes turpitudes, loin de ce pesant présent.
Dans ta noirceur, je veux me fondre, disparaître,
Ne plus servir mes singuliers penchants, ne plus être.



Christian Bailly
Tous droits réservés
19/06/2014