jeudi 13 février 2014

Laissez-moi partir…

Jardin du Château de Compiègne 
Philoctète en proie à ses douleurs

Laissez-moi partir avec dignité,
A quoi bon tout cet acharnement.
Je ne suis déjà plus de votre réalité
Mais en route pour le dénouement.

Un chien mériterait-il plus de pitié
Qu'un homme sans proche avenir?
Mes souffrances, vous les ignorer
Pour me punir de vouloir partir. 

Déjà, je ne suis plus… 

Je ne suis qu'une image sur un lit,
Qui vous rassure de votre existence.
Une partie du chemin est accomplie,
Aidez-moi, appliquez la sentence. 

Survivre n'est pas vivre…

Mon trou noir est plus noir encore
Que la mort qui m'attend au tournant.
Je sais l'issue de notre corps-à-corps,
A quoi bon mésestimer le gagnant.

Mon corps est devenu une épave,
Me voilà presque au bout du voyage,
Mais tous ces soins sont une entrave,
Qui m'empêche de toucher le rivage.

Offrez-moi enfin cet ultime bonheur,
Pour vous je ne veux plus être un poids.
Je sais les sentiments dans votre cœur,
Mais par amour respectez mon choix.

Libérez-moi…

Prisonniers de votre peur de la douleur,
Je vous demande une remise de peine.
Pour vous ma survie n'est qu'un leurre,
La mort déjà chemine dans mes veines.

Libérez-moi du poids de ces chaînes,
Plus que la mort ma survie est un faix.
Pour moi la mort serait une aubaine,
Je connaîtrais enfin ce qu'est la paix.

Je vous demande seulement un geste,
Ma mort ne doit pas vous faire peur,
Quand j'attends de vous cette funeste
Preuve d'amour de votre noble cœur.

Cachez-moi ces larmes qui me peinent,
Dans votre cœur, je sais mon éternité.
Laissez-moi me retirer l'âme sereine,
Accordez-moi cette grâce tant espérée.

Laissez-moi partir…

A Vincent Lambert 

Ces vers expriment publiquement mon choix en cas de besoin.
Ainsi il ne sera pas dit que je n'aurais pas formulé mes dernières volontés... C. BAILLY

(28/01/2014)
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