Alors que j'errais comme un vaisseau fantôme,
J'ai découvert sur la route de ma destinée
Une île, perdue dans toute cette immensité,
Où je traînais de mon mal-être les symptômes.
Ses paisibles rivages de sable chaud m'ont recueilli.
Je n'étais alors, de moi, qu'une blafarde imitation,
Le capitaine d'un navire sans pavillon en perdition,
Où la mutinerie germait dans mon cœur d'insoumis.
Mon âme attendait l'heure de son sabordage,
D'être coulée, d'être emportée dans les abysses.
Oublier les écueils de la vie, que cela enfin finisse !
Céder à toutes mes sordides envies qui faisaient rage.
Dans ses bras, d'un doux murmure, elle me berça,
D'une marée d'amour, elle submergea mon cœur,
D'un rayon d'espoir, elle balaya toutes mes rancœurs,
De ses senteurs exotiques, ma douleur, l'anesthésia.
Bientôt je parcourrais tous ces monts et vallées,
Pour y découvrir tous ses secrets, tous ses trésors.
De son sein, je puisais la force de mon nouvel essor,
Je retrouvais enfin la vie sous ces caresses alizées.
De ces fruits défendus, j'assouvissais mes envies.
A mes instances elle répondait avec concordance,
Dans un déluge, offrait ses richesses à ma convenance.
Tout en son pouvoir pour me réconcilier avec la vie.
Sans résistance, elle se laissa intimement visiter,
M'ouvrit son ventre généreux, sans aucune pudeur
Un noble Vendredi l'habitait, il devint mon Seigneur.
A son cœur bien fait, j'arrimais ma nouvelle destinée.
Soumis à tant d'amour, après tant d'errance,
Je m'abandonnais aux saveurs du bonheur.
De mon âme, je ne contenais plus la clameur,
Au plaisir de vivre, je goûtais la luxuriance.
Aujourd'hui je ne regrette rien de ce naufrage,
Pas même de mon étrange destin, la mésalliance.
Je connais cette fois les largesses de la résilience.
Grâce à lui, j'oublie de ma naissance, l'infâme outrage.
C. Bailly
Tous droits réservés
14/10/2010