Christian Bailly - Un banc face à l'île Madame, à Port des Barques Charente-Maritime. |
Sur la colline, face à l'océan,
Seul, un banc vide contemplait le néant,
Il attendait qu'un passant
Veuille bien s'asseoir un moment.
Avec la vie, il n’était pas très exigeant,
Il s’en contentait, bon an mal an,
En espérant un jour voir deux amants
Se bécoter, assis sur leur séant.
Ce qui finit par arriver un jour de l’an,
Il faisait très très froid pourtant.
Qu’ils étaient beaux et attendrissants !
Il vécut un moment émouvant.
En vérité, ce fut le jour le plus marquant
De sa pauvre vie de banc…
Puis les années ont passé, lentement,
Il était devenu indifférent.
C’est vrai, depuis très très longtemps,
Il ne comptait plus le temps.
Il avait même oublié depuis quand
Il était là, à contempler le néant.
Il regardait longuement les goélands
Jouer avec les éléments,
Pendant que se déchaînait le vent.
Et lui, il était là, à attendre patiemment.
Un jour, il vit arriver, d'un pas pesant,
Un des amants, il avait les cheveux blancs,
Et les rides profondes du temps.
Doucement, il vint s'asseoir sur son séant.
Tous les jours, ce fût son passe-temps,
Sur la colline venteuse, face à l'océan,
Esseulé et affligé, il contemplait l'océan,
Désireux de rejoindre enfin le néant.
Là où l'attendait son grand amour d'antan,
Emporté par le mauvais vent.
En fait, il tenait compagnie au vieux banc.
Il lui raconta son amour passionnant.
Ainsi, tous les jours, par tous les temps,
Le vieux banc attendait patiemment.
Un jour, son ami ne vint pas, pourtant,
Pour lui, l’heure était venue du néant.
Pendant encore longtemps, longtemps
Le banc continua à contempler l’océan,
Impassible, il attendait qu'un passant
Veuille bien s'asseoir un moment…
Christian Bailly
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26/03/2024