mardi 21 janvier 2014

Angoisse

De cet amour qui fleurissait en mon cœur, je ne savais quoi penser. Était-ce le fruit de mon imagination, un aveuglement passager, ou seulement une attirance physique irrésistible ? Non, je sentais bien les bouleversements profonds de mon cœur, mais avec, du tréfonds de mon âme naissait, l'angoisse…
L'angoisse d'un futur que je sentais poindre, mais dont j'ignorais l'issue, celle d'un amour au masculin dont j'ignorais tout, celle de me découvrir tel que j'étais réellement à mes yeux et au regard des autres…
Le soir, au coucher, je me retrouvais face à moi-même et à mon angoisse…

Photo : Christian Bailly - Musée d'Orsay -  
Ugolin, tyran de Pise, 
enchaîné et muré 
dans la tour de la Faim.

Angoisse

Alors que le monde s'oublie dans le sommeil…

Angoisse, tu viens, traîtresse, me cueillir.
Tu m'assailles comme une terre à conquérir,
Tu assièges mon esprit, pour qu'il se rende,
Trop rétif à ton goût, tu me mets à l'amende.

Prisonnier, je suis, de tes griffes acérées,
Tu me cloues au nid, je suis piégé.
Tu presses ma poitrine pour me faire sortir les larmes,
Tu lacères mon cœur pour lui faire rendre les armes.

Je te sens en moi immonde et possessive.
Tu parcours mes veines, lascive,
Tu avives l'étincelle de mon désespoir,
Sur moi, tu as tous les pouvoirs.

Tu t'accapares de mes restes d'illusion,
De mes terreurs, tu fais la moisson.
Tu fais de moi une terre brûlée.
Mon sens de la réalité, hypnotisé.



Mon âme que ton chant monotone effleure,
Se laisse gagner peu à peu par la torpeur.
Mes yeux se voilent, en moi je ne vois plus,
Les sons se noient, je ne m'entends plus.

Tu me tiens au garrot, pour taire ma peur,
Ta tenaille, dans mes entrailles demeure,
J'étouffe. Sur mon lit étendu,
Finalement je m'éteins, par toi vaincu.


C. Bailly
Tous droits réservés
23/10/2008

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