Duel

Plus fortes que moi,

Les vagues argentées agonisantes sur le sable chaud,

Les forêts de pins où t'appelle le récital des cigales.

Plus forts que moi,

Les reflets dorés des canaux fréquentés par de robustes caboteurs,

Campés de ses puissantes et invincibles poitrines de jouteurs.

Plus fortes que moi,

Les racines profondément ancrées dans ton cœur d'adolescent,

Loin d'elles, je te sens fragilisé, évanescent et impatient.

Plus forts que moi,

Les rayons de soleil qui doreront ta peau, loin de mes baisers,

Les souvenirs de ton enfance, ils bercent quotidiennement tes pensées.

Ô. Sète, le combat est inégal !

Que puis-je contre une telle rivale ?

Comment lutter contre la romance de cette irrésistible sirène,

Quand je chante faux de vieilles rengaines ?

Mes poèmes n'égaleront jamais ceux de Georges,

Et les pensées de Paul, pourtant, je me rengorge.

Mes caresses n'auront jamais l'ardeur flamboyante

De ses crépuscules, et de ses aurores érubescentes.

Mes mains ne seront jamais, dans tes cheveux,

Aussi agiles que son mistral audacieux.

Je ne serais jamais ce feu lumineux

Qui brûle au fond de tes yeux

Quand tu penses à elle.

Je la sais pourtant seule femelle

De ta vie, mais irrésistible,

Pour moi invincible.

Elle sait te conquérir…

Elle attend de te voir venir…

Alors que moi,

Je n'ai que mon amour,

Mon cœur de troubadour,

De vieux poète pathétique, à t'offrir

Et son manège de désirs et de plaisirs,

Perdu dans les brumes hivernales

D'un pays désenchanteur et sale.

Pour te retenir,

Je n'ai que deux mots à te dire…

Je t'aime.

Photos personnelles

Christian Bailly

Tous droits réservés

10/02/2011