mercredi 13 avril 2016

Adieux



Deux jeunes inconnus nus
peints par un peintre inconnu


De  toi, je n'ai que des souvenirs d'enfance,
Des confessions silencieuses et inavouables
Et des instants de plaisirs d'adolescence,
Des secrets de jeunes hommes intouchables,


Notre complicité, nos attouchements un peu fous,
La découverte mutuelle de nos corps, sans peur,
Des instants inoubliables partagés n'importe où,
Une frontière interdite franchie avec impudeur.









McCarthy - Jamie et son pote






Pas d'amour entre nous, mais le désir d'assouvir
En commun, ce délicieux péché de plaisir solitaire.
Nul besoin de baisers pour réveiller nos désirs,
De furtives caresses suffisaient en préliminaires.

Et puis tu nous as quittés à ta façon, sans bruit ni heurs,
Tu es devenu clandestin, plus de nouvelles, sans raison.
Nous avions à peine vingt ans, nous étions majeurs.
Sans toi, la vie avait un goût amer, un goût de trahison.













Christian Meyer Ross  -
In the Sculptor’s Studio




Je ne comprenais pas ton long silence, ton isolement,
Les raisons de cette fuite, je me sentais coupable.
J'aurais tant voulu savoir le pourquoi du comment,
Que tu me reviennes, que deviennes raisonnable.


Certains prétendaient t'avoir aperçu dans la foule,
D'autres croyaient te voir, mais c'était ton ombre.
Sans jamais t'oublier, j'attendais que le temps coule,
J'organisais ma vie sans toi, mais l'esprit sombre.














Cornelius McCarthy







Et puis un jour, tu es revenu, je ne t'ai pas reconnu,
Mais tu avais gardé ces yeux toujours aussi doux.
Tu étais un autre, un homme mûr, un inconnu.
Je n'ai pas su dire, de te revoir, j'étais sur le coup.


Le temps avait métamorphosé les gamins que nous étions.
Nos impudeurs de jeunesse sont devenues  pudeur.
Un fossé se creusait entre nous, adultes, nous étions.
De parler de nos instants uniques, nous avions peur.






Cornelius McCarthy






J'ai compris ta retenue, mon silence, tu as respecté.
J'avais tant de choses à déclarer et je ne disais rien.
J'aurais voulu t'écouter, comprendre, te toucher.
Nous étions là, maladroits, à parler de petits riens.


Nous nous sommes séparés, la vie nous a éloignés.
Mais brusquement le crabe s'est emparé de ta vie.
Impitoyable, dans sa tourmente, il t'a emporté
Et moi, je suis resté avec notre secret bien gardé.










Cornelius McCarthy



Depuis, mon cœur s'est fermé comme une tombe
Sur toi, sur nous, mais ton ombre ne me quitte pas.
Aujourd'hui, à l'âge de raison, je succombe,
J'ai fait le choix, ne plus être ce que je ne suis pas.

Oui, j'ai repris le chemin de notre adolescence,
J'assume enfin ce que j'ai découvert avec toi,
Avec l'amour en plus. Il m'a fallu de la patience,
Du courage aussi, pour accepter mon endroit.








Voilà, maintenant, tu sais vraiment tout de moi,
Et aussi de t'avoir perdu trop tôt, ma douleur,
Mais moi je n'aurais jamais rien su de toi,
Tes bonheurs, ton mal de vivre, tes rancœurs.
Eivar Moya

À toi mon frère,
À toi qui me manques tant,
À toi, le premier de mes amants,
Je te confis ici mon profond attachement.

À toi mon frère, je ne te fais pas mes adieux...

Cornelius McCarthy - Naked picnic



À M…, mon cousin disparu

Christian Bailly
Tous droits réservés
05/04/2016

4 commentaires:

  1. Bel hommage à ton coussin, complice de tes jeux et découvertes sexuelles d'adolescence.

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    1. Souvenirs ! Souvenirs ! Souvenirs d'une époque bien lointaine aujourd'hui...
      Parfois, je pense à lui... Lui n'est plus... Et moi, je profite des plaisirs de la vie... Et çà m'incite à encore plus profiter du temps présent...

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  2. " Et moi, je profite des plaisirs de la vie... Et çà m'incite à encore plus profiter du temps présent..."

    Il inconsciemment t'a donné une leçon

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    1. Oui mon ami profite ! Profite de cet instant présent qui file entre tes doigts ! Profites de l'amour, de la vie, des hommes... de tout ce qui est beau en ce monde...

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