Il était une fois une Endive, vierge,
Plus blanche qu'une oie blanche.
Élancée vers le ciel, tel un cierge,
Légèrement ronde sur les hanches.
Après des jours d'attente, d'ennui,
Loin des rayons solaires scélérats,
Là où les jours sont des nuits,
Elle avait d'une endive tout l'éclat.
Elle était belle avec ses rondeurs,
Enfin, elle était devenue adulte.
Elle avait grandi avec ses sœurs.
Quitter cette cave était leur seul but.
Elles étaient parties en voyage,
À Sète, loin de leur grand Nord,
Pour se retrouver sur un étalage,
Où elles étaient arrivées à bon port.
Là, une main hardie, en douceur,
S'empara d'elle avec appétence.
Sur le coup, elle eut un haut de cœur,
D'un malheur, elle eut la prescience.
Même si au frais, il prit soin d'elle,
Un soir, la voici saisie et douchée,
Pour la faire encore plus belle,
Sans se soucier de la voir effarouchée.
Puis, il la condamna à la question,
Un moment, dans un bain de vapeur,
Il l'enveloppa d'une robe de jambon,
Dans un plat, elle retrouva ses sœurs.
Là, on les apprêta d'un voile blanc...
Comme pour une communion,
D'un mariage, ça avait le semblant.
Aux secours ! Il n’en était pas question !
Aux secours ! Aux secours !
Serions-nous chez des sauvages ?
Trop tard, elle se retrouva au four
Puis dévorée par le poète endivophage…
Ainsi se terminèrent les tribulations
De cette virginale et innocente endive
Qui voulait de la vie connaître la passion
Sans savoir des hommes les dérives…
“On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple,
à la manière dont il traite ses endives”**
à Bernard, Grand Maître de l'endive au jambon
Christian Bailly
Tous droits réservés
17/01/2024
** Citation de Gandhi détournée
“On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple,
à la manière dont il traite ses animaux” – Gandhi
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