Je ne portais pas de
caleçon,
Fréquentais les bars
mal famés,
Glauque, feutrés dans
la fumée,
À la recherche d’âmes
damnées,
Aux relents de mâles
mal aimés,
En mal d’amour
condamné.
De mon corps impie,
j’étais l’invité.
Jeunes et aînés se
côtoyaient,
Se mataient, se
convoitaient.
Parfois un regard
hagard
Croisait les
prunelles d’un fêtard.
Un éclair passait
lourd de désir,
Embrasait ces corps
en délire.
Au fond du bar, un
coin noir…
![]() |
Charles Demuth |
J’étais un très mauvais garçon,
Et j’avais de
mauvaises façons.
Je fréquentais les
trous noirs,
Pour y trouver un peu
d’espoir.
Perdu au mieux des
ombres,
Je dévoilais mon âme
sombre.
Happé par des mains
inconnues,
Frôlé par des corps à
moitié nus,
Je me laissais
emporter par le flot
De ces mâles qui
avaient du culot.
À l’entrée, j’avais
laissé mon âme
Sur le portemanteau
diffamé
De nos réputations
détrônées.
Je n’avais plus rien
à me prouver
Dans le noir de la
nuit noire…
![]() |
Charles Demuth |
J’étais un très
mauvais garçon,
Au-dessous de tout
soupçon.
On me dépouillait, je
détroussais.
Je prenais autant que
je donnais.
Je tourmentais de mon
désir,
On me rançonnait mon
plaisir.
Dans ce bouge
d’amours virils,
Je me sentais mis sur
le gril,
Attiré, capté vers
les bas-fonds
Par une multitude de gitons.
J’y perdais mon âme
dévoyée,
En déversant ma sève
convoitée.
J’acceptais leurs
marchandises
Comme une
gourmandise.
Je m’enfonçais dans
le noir…
J’étais l’objet d’une
malfaçon,
Cause de duel entre
bien et mal.
Je cherchais en moi
le mâle.
Je ne me faisais pas
d’illusions,
J’assumais mes
perversions.
Quand mon corps était
vidé,
Et mon âme enfin
contentée,
Je quittais ces bars
mal famés,
Souvent sans être
accompagné,
Bien plus esseulé
encore,
Maudissant le mauvais
sort,
Qui faisait de moi ce
que je suis,
Plus noir que la
suie….
Je m’en allais dans
la nuit noire….
Christian Bailly
Tous droits réservés
27/11/2013
Christian Bailly
Tous droits réservés
27/11/2013