Manu ! Tu le presses...
Tu le presses...
Tu le presses le petit peuple…
Mais aujourd'hui, le vin est tiré,
Pas le communard,
Pas la piquette,
Pas le tir-boyaux,
Mais le vin jaune,
Parfumé de revendication,
Aux arômes de révolution,
Le vin jaune des hommes de paille,
Que dédaigneux, tu railles.
Un cépage qui a pris racine
Où mûrit encore sa rage,
Dans les terroirs de notre France rurale
Abandonné par l’oligarchie libérale

Manu ! Le vin jaune de la colère est tiré,
De la colère qui voit rouge,
Celui que tu n’invites pas à ta table,
Mais à qui tu racontes des fables,
Celui à qui tu interdis
Ton palais de nantis.
Le vin des prolétaires
Que tu voudrais faire taire…
Le vin des princes de la rue,
Entends comme ils tonitruent !
Entends les Gaulois réfractaires
Qui défient les dignitaires,
Le peuple de feignants, de cyniques.
Aujourd’hui, il revendique !
Manu ! Le vin jaune de la colère est tiré
Par le peuple souverain
Qui n’accepte plus d’être ton larbin.
Il danse la Carmagnole
Pour défendre sa bagnole.
Il veut du vin, du bon pain,
Un peu de brioche pour demain,
Ne plus tirer le diable par la queue
Et vivre enfin des jours heureux
Avec les fruits de son travail,
De sa vie, reprendre le gouvernail,
Ne plus crever la bouche ouverte…
Manu ! Entends ses cris d’alerte !
Manu ! Le vin jaune de la colère est tiré
Le verre est trop plein,
De misère, de chagrin,
Vois comme il déborde dans les rues !
Vois comme dans les brancards, il rue !
Trop d’impôts, de taxes, de surtaxes,
Là, maintenant, il demande la relaxe,
L’imposition équitable des richesses
La fin de ce monde à deux vitesses
Qui fait la part belle aux nantis
Et étrangle irrémédiablement les démunis
Il ne veut plus des affameurs
Qui se gavent des fruits de son labeur
Il ne veut plus des profiteurs
Des boursicoteurs et des tricheurs
Qui vivent comme des empereurs
Alors que le peuple se meurt…
Non, il n’est pas jaloux
Mais il ne veut plus rassasier les loups
Il veut vivre dans la dignité et la paix
Et qu’on lui marque du respect.

Manu ! Le vin jaune de la colère est tiré,
Tu le bois cul-sec…
Jusqu’à la lie…
Ou tu t’en vas !

Texte et photos de Christian Bailly
Tous droits réservés
09/12/2018