lundi 9 février 2015

A toi mon frère

Couple Hugging de Raphael Perez
A toi le frère de mes vertes années,
Nos jeux d'enfants, nos retrouvailles,
Les assauts de nos châteaux de pailles,
Les bains, nus, dans le ruisseau glacé.

A toi le frère de mes vertes années,
Nos peines, nos espoirs dans le noir,
Nos intimes confidences en miroir,
Les pleurs de nos enfances déchirées.

A toi  le frère de mes vertes années,
Tu m'as livré de ton âme, les secrets,
De ton corps juvénile, le sacret,
Dans le silence de nos nuits d'été.





A toi le frère de mes vertes années,
Je te dois de mon corps, l'exploration
Et aux plaisirs partagés, ma révélation,
Dans la complicité des draps brodés.

A toi le frère de mes vertes années,
De ton long silence, ma souffrance,
Mes pleurs pour ta longue absence,
De ton mutisme, toute ma culpabilité.

A toi le frère de mes vertes années,
Ma jeunesse sans toi, là, à t'attendre,
A me méprendre, pour te comprendre,
Accepter le choix de ta clandestinité.

Les années passées sur toi,  sur moi,
Ont fini par te ramener à la réalité.
Nous étions devenus deux étrangers,
Oubliées nos connivences, nos émois.

Perdu le frère de mes vertes années,
Devant moi, un homme silencieux,
Honteux de notre passé licencieux,
Loin nous étions alors d'assumer.



Man on Couch de Raphael Perez


Perdu le frère de mes vertes années,
Accaparé par la vie et son engrenage,
Par ce maudit crabe pris en otage,
Emporté le frère de mes vertes années.

Avec toi le secret de notre complicité,
La genèse de ma destiné particulière,
Que j'assume enfin dans la lumière,
Sans toi mon frère et tes vertes années.






A toi le frère de mes vertes années,
A toi le frère que je n'ai jamais eu,
Mais que tu as su être sans retenue,
Le souvenir de nos amours censurés.

A toi mes hommages éternels.

                                         à M.


Christian Bailly
Tous droits réservés
05/05/2011

6 commentaires:

  1. Bonjour Christian.

    Pour moi, aucun frère de mes vertes années, pas même celui que je n'ai jamais eu. En tout cas, personne digne de ce nom. mais, si je remplace "frère" par "père", alors le poème commence à me parler.

    Bonne semaine - Bisous.

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    1. Ce frère dont je parle est qui n'est plus est celui qui a éveillé ma sexualité, un cousin que j'aimais beaucoup... je me rappelle même comment çà s'est passé la toute première fois on avait environ 14 ans ... en grandissant notre honte nous a séparés, puis le monde des adultes..Il s'est marié mais je suis sûr que c'était pas convenance. Nous n'avons jamais reparlé de ses moments-là. Puis la vie nous a séparés complètement...il me manquait...et enfin la mort ! Longtemps j'ai cru que j'étais homo à cause de cette première fois et puis en fouillant dans mon passé je me suis aperçu que non. Bien avant déjà les garçons m'intéressaient plus que les filles...
      Bon courage à toi mon ami . Bisous

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  2. Mon Chrichri, ce poème me touche personnellement .. J'ai jouer mon enfance avec lui .. J'ai jouer mon adolescence et découvert nos corps avec lui .. nous avons rêvés et fait des plans sur la comète .. et cela aussi était un jeu .. le jeu magnifique et terrible du premier émoi .. nous avons joué, cachés aux yeux de tous .. au fond des garages et des greniers et dans la forêt .. nous avions aimés nous retrouver pour jouer.. et un jour, c'était maintenant, c'était il y a longtemps .. alors, nous aimions nous retrouver pour nous retrouver .. le silence à fait place à nos babillements .. nos gestes plus lents devenaient lourds de sens ..et puis.. et puis .. nous avions 19 ans et tout les excès de l'époque ..il m'a quitté dans une overdose .. ton poème dépose des fleurs sur sa tombe et sur mes souvenirs .. il s'appelait Pascal.

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    1. Mon Bisouillon, Je suis très ému de lire ton message et j'imagine bien ce temps passé et la souffrance que tu as dû supporter au moment de son départ...Je suis très touché de savoir que ce poème te parle autant .
      Moi aussi j'ai souffert de son absence, il était mon cousin on se voyait aux vacances jusqu'au jour où, vers 14 ans il m'a initié il était un peu plus dégourdi que moi. Chaque fois que l'on se revoyait, on était heureux. Puis un jour plus rien... la honte certainement...Au moment de partir à l'armée il a disparu de la circulation même ses parents ne savait pas où il était. Je me suis un peu senti trahi à l'époque, pourquoi ne m'avait-il rien dit. Je le savais pas très bien, très introverti, j'ai souvent pensé au pire. Un jour son père a fini par le retrouver. Entre-temps je m'étais marié, lui en fit de même. Nous nous somme revu quelquefois sans jamais reparler de nos souvenirs d'enfance. Le crabe a eu sa peau et celle de sa femme la même année. L'année de mes 50 ans. J'ai été très peiné, comme un grand vide, même si je le revoyais très peu. A l'époque je commençais à mal assumer ma double vie...Puis j'ai rencontré BB... J'ai fini par faire mon outing, puis divorce, et me voici enfin heureux et réconcilié avec moi-même. Je repense souvent à M... Dans ma tête, moi qui étais fils unique, il a toujours été et sera toujours mon frère. Je te fais de grosses bisouilles mon ami

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    1. Merci Ray ! Ici, je parle de mon cousin, nous avions 2 mois de différence. Enfants, nous avons eu la chance de nus voir très souvent. Moi, j'étais fils unique, alors il était un peu mon frère. C'est lui qui m'a appris les première choses du sexe entre hommes. Puis nous avons grandi. Adulte, la famille l'a complètement perdu de vue, même ses parents ne le retrouvaient pas. Pour moi, ça a été un grand choc. Connaissant ses parents, je pense qu'il était impossible pour lui de leur dire son homosexualité. Nous l'avons retrouvé beaucoup plus tard, marié, tout comme moi, pour rentrer dans le moule... Puis je ne l'ai jamais revu... Il est mort depuis plus de 20 ans maintenant, et sa femme l'a suivi presque aussitôt, à quelques jours près. Ses parents, nous ont dit qu'ils étaient tous les deux décédés du cancer... Je ne l'ai jamais vraiment cru... J'y pense très souvent... C'est en sa mémoire, que j'ai écrit ce poème, pour ne jamais oublier ces douceurs partagées d'adolescents. Merci d'y avoir prêté attention Ray ! Je suis très touché. À bientôt.

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