vendredi 13 juin 2025

Parfois

 




Parfois,

Il me prend de vouloir plonger

Dans tes flots obscurs et agités,

Pour me laisser emporter,

M'abandonner.

Dans tes abysses, sombrer,

Pour m'oublier,

Être oublié,

Oublier ce monde qui ne me fait plus rêver,

Cette terre que les hommes ont condamnée,

Pour oublier la haine, la violence, les incivilités,

Les guerres, depuis trop longtemps, déclarées,

Et celles qui couvent encore, prêtes à éclater.


 


Parfois,

Je veux sombrer dans tes flots obscurs et agités,

Lesté par le poids de mes péchés,

Pour lesquels je n'ai aucun regret à formuler,

Leur offrir sans réticence mon âme damnée,

Que ses errances ont épuisée,

Et mon corps de dépravé,

Usé par ses dérives avérées.

Je veux abdiquer,

Aux ivresses des profondeurs, ne pas résister,

Et aux chants de sirènes, succomber,

Pour qu'elles me fassent oublier

Ma pitoyable réalité

D'homme.

 


Et puis non ! 

Je veux me baigner dans tes flots irisés et apaisés,

Pour y trouver la paix de mon âme fragilisée,

Par la vie et ses déconvenues répétées.

Je veux, par tes gerbes perlées de soleil, être ondoyé,



Épuré de mes fautes et de ma médiocrité,

Purifié de mes chimères emportées et noyées,

Pour renaître et de mes démons être libéré,

Par toi, je veux être épargné et sauvé,

Pour exister,

Aimer et être aimé...



Texte et photos Christian Bailly

Tous droit réservés

13/06/2025


mercredi 11 juin 2025

Au-delà de la mort

 


Au-delà de la mort…

Rien ne me sera plus douloureux que d'être privé de toi,

Que de ne plus sentir, chaque jour, ton regard sur moi,

Que de ne pouvoir continuer à te toucher, à te respirer,

Et d'être là, à regretter ces moments passés à tes côtés.


Carolus-Duran


Rien ne sera plus douloureux que de devoir rester silencieux,

Que de ne pouvoir continuer à écrire ces mots langoureux,

Que de devoir taire pour toujours l'expression de mes désirs,

Et d'oublier à jamais nos folies consommées, nos plaisirs.


Egalité devant la mort - William Bouguereau


Au-delà de la mort…

Rien ne me sera plus douloureux que d'être dépouillé

De ton épaule, de tes bras, de tes étreintes et tes baisers,

Que de ne plus respirer le même air que toi, le nez au vent,

Et de ne plus partager un rayon de soleil au couchant.


du net


Rien ne sera plus douloureux que de ne plus écouter, à deux,

Le refrain des vagues ou des oiseaux, le chant amoureux,

Que de ne plus partager nos silences sereins et complices.

Devrai-je, là où je serais, sans mot dire, vivre ce supplice ?


Alexander Levich



Au-delà de la mort…

Rien ne sera plus douloureux que de devoir me résigner

À sentir mon corps être insensible et mon cœur se briser,

Que de laisser le néant m'envahir pour éteindre ma flamme.

Cette flamme valeureuse dont l'amour était devenu l'oriflamme.


Philippe de Champaigne - Saint Augustin (détail)


Rien ne sera plus douloureux que de voir effacer sur le sable

Nos pas imprimés côte à côte, par les flots du temps coupable.

Que de voir le monde continuer sa course folle et opiniâtre,

Alors que sur mon existence tombera le rideau de théâtre.


du net


Non ! Non, rien ne peut être plus douloureux…

Que le martyre du partir, loin de toi…

Au-delà de la mort…


Anthony van Dyck - Saint Sebastian


Christian Bailly
Tous droits réservés 
10/06/2025

samedi 7 juin 2025

Le rimailleur

 

Anne Marie Torrisi - Le poète 

 

Je suis le rimailleur,

Le jongleur des mots,

Des rimes, le cueilleur,

Le chasseur des maux.

 

Un simple rémouleur,

Qui aiguise son âme,

Ses histoires de cœur,

Et déclare sa flamme. 

«Homme dans un café» (1912) de Juan Gris.



Je suis le rimailleur,

En dehors du temps,

Je rime ici et ailleurs,

Je vis à contretemps.

 

Je suis le passeur,

Vers un monde éthéré,

Pour tous les rêveurs

D’amour et d’éternité.


Mazouz Hacène - Réflexion

 

Je suis le rimailleur,

Je poétise la vie,

Pour la faire meilleure,

Oublier nos phobies.

  

Je suis le rémouleur

J’affûte ma plume,

Je polis la douleur,

J’adoucis l’amertume.


Marc Chagall

 

Je suis le rimailleur,

Je traverse la vie,

Comme un pauvre hère,

Avec mon baluchon

De rimes et de vers,

Que je dispense

Sur les routes caillouteuses

De notre monde mercantile.


 

Chemin à travers la campagne - Eric Bruni


Je suis le rimailleur,

D’entre les murs

Mon âme s’envole

Vers des contrées

Oniriques et lointaines,

Où l’amour rime avec la rose

La rose avec la mort

La mort avec l’éternité

L’éternité avec l’immensité

L’immensité avec l’oubli

L’oubli avec finalité…

 

Je suis le rimailleur

Je rime selon mon humeur…


Je suis un rimailleur, à l'oubli, je suis condamné.

Je laisse aux illustres noms de la poésie,

Le titre de poète et le privilège de la postérité.

Dans l'ombre du temps déjà je m'évanouis...

je suis le rimailleur...

Je suis le rima...

Je suis le...

Je suis...

Je...

...



L'Eternité d'après un poème d'Arthur Rimbaud par Ida


Christian Bailly

Tous droits réservés

10/10/2020 modifié le 07/06/2025